Le Sophiste est un dialogue de
Platon, suivant Théétète. Il traite de l'essence du sophiste. Un étranger, venu avec Théétète, va tenter de la trouver. Théétère lui donnera la réplique. On remarquera que Socrate, bien que présent, n'intervient pas dans le débat. Cela provient sûrement du fait que Platon critique la Théorie des Idées ( qu'il nomme ici théorie des formes ) que soutenait Socrate.
La première étape de la discution est de repérer tout ce que pourrait être le Sophiste. Pour ce faire, L'étranger procède par dichotomies, c'est à dire qu'il place le sophiste dans une catégorie très large, divise cette catégorie en deux nouvelles, il place le sophiste dans l'une des deux et ceux jusqu'à ce que l'on ne puisse plus diviser. Ainsi, Théétète et L'étranger parviennent à six définitions :
– Chasseur intéressé par les jeunes riches
– Percepteur, enseignant
– Commerçant en gros de connaissance
– Commerçant au détail de discours
– Combattant à la parole
– Purificateur ( c'est à dire qu'il purifie l'âme de l'ignorance )
Le sophiste semble alors tout connaître mais il est impossible, d'après l'étranger, de tout connaître. Le sophiste agit donc pas mimétisme. Il créé des copies de la vérité. Continuant la méthode des dichotomies, l'étranger divise les copies de la vérité en deux catégories : les copies formelles, vraies copies des choses, et les illusions, les imitations, qui elles sont fausses. Le sophiste parle donc de choses fausses, des illusions. Ce dernier nous demanderait alors : Comment est-il possible que l'on puisse dire quelque chose qui n'est pas ? Il joue la carte du Non-Être. La dialectique, la méthode par dichotomies ne fonctionne pas.
Où est le problème avec le Non-être ? Il réside dans le fait que l'on doit imaginer et l'être et sa négation. Parménide, qui sera le principal critiqué dans toute la moitié de l'oeuvre, nous indique que le seule fait d'évoquer le Non-être est impossible, il s'agit d'un abus de langage. L'étranger nous indique que le Non-Être est 'imprononçable' et 'impensable'. Or comment est il possible que le Non-être puisse être défini ? Ainsi, le Non-être détient des propriétés, une essence. Ce qui n'est pas est donc d'une certaine façon.
Après avoir critiqué les grandes théories de l'époque en ce qui concerne l'être ( les doctrines pluralistes notamment, c'est à dire celles qui disent que l'être est un et tout par exemple ), Platon s'attaque à deux autres doctrines : celle qui insiste sur le fait que l'âme est matérielle ( Héraclite ) et celle qui insiste sur le fait que l'âme est une Idée ( Socrate ). Pour la première des doctrines, il énonce le fait qu'il existe des réalités incorporelles : la Justice, la Sagesse... Si l'âme, et donc l'être, est matériel, alors ces réalités incorporelles n'existent pas, si elles existent, il existent des réalités incorporelles et donc l'âme, et donc l'être, n'est pas – uniquement – un corps. Pour contrer la théorie des Idées, l'étranger se sert de la première doctrine pour définir l'être. C'est une puissance « soit d'agir soit de pâtir ». Pour Socrate, existence et devenir sont différents. Ce qui va changé n'est pas vraiment. Ce qui reste identique est réellement. Mais l'Homme, répond l'étranger, a accès au devenir grâce aux sens, et à l'existence via l'âme et ses raisonnements. Platon opte pour une philosophie allant entre les deux doctrines, indiquant que le corps et l'âme, pour former l'être, communiquent.
La question du départ se change peu à peu. De l'être est il quelque chose ou son contraire, on arrive à quelque chose et son contraire peuvent ils participer à l'être. Il a été vu que quelque chose et son contraire se devaient de communiquer l'un à l'autre pour participer à l'être. Il est donc possible de les unir dans un même ensemble. Seulement si l'on dit que l'un est l'autre, il ne correspondre plus à une essence, et ne servent plus à rien dans une discution philosophique. Mais on ne peut pas toujours assembler quelque chose et son contraire, il faut savoir doser. C'est un art que de pouvoir « tisser » quelque chose et son contraire, comme c'est un art de savoir associer des notes sur un instrument de musique pour former quelque chose de beau. La science qui saura manier quelque chose, ce sera la Dialectique.
L'étranger prend alors cinq principales définitions que l'on a vu précédemment. Mouvement, Repos, Être, Autre, Même.
Mouvement : autre que le repos, autre que le même, participe au même. L'être du mouvement est donc le même, et L'être du Repos est l'autre. Le Non-être n'est donc pas le contraire de l'être, mais Autre que l'être. Le Non-être est la participation de l'autre à l'être.
Dernière étape : montrer que le discours est être. Pour ce faire, l'étranger prend des exemples. « Théétète vole ». Cette phrase dit un Autre de l'Être, car Théétète ne vole pas. « Théétète est assis ». Cette phrase dit le Même de l'Être. La phrase fausse dit donc quelque chose qui n'est pas, mais cette phrase est. Le non-être intervient alors dans le discourt en tant qu'autre de l'être.
Le sophiste, producteur de discours, est alors perceptible. Le sophiste imite donc les choses sans les connaître, et pour y arriver, sa technique est de contredire sans arrêt son interlocuteur.