[Alternative] Cat Power

Petite merveille, alternant indie à la Sonic Youth, ballade à la Feist, et jazz à la Norah Jones.



Dear Sir - Cat Power




Cher monsieur,


Y'a des trucs, comme ça, qui nécessite qu'une écoute pour en être dingue. Ca tient pas à grand chose, tout compte fait, une voix, un son, un pont, un enchaînement d'accord particulier qui sublime tout un disque.
On avait ça sur Blonde on Blonde, avec I Want You, Sooner or Later et Stuck Inside. Ou sur le dernier Norah Jones avec Sinkin' Soon. Mais le problème, c'est que quand y'a pas qu'une petite chose qui produit cet effet. Là, on sait plus trop où donner de la tête. On est paumé. Et c'est, ce que je pense qu'on pourrait appeler, un chef-d'oeuvre.

Alors, tout d'abord, je tiens à vous remercier, cher monsieur. Car votre grâce n'est pas sexuée, elle est animale. Elle est asexuée, d'un côté, une voix, chaude, feutrée et ténébreuse, profonde, aussi. De l'autre, une violence virile, une volonté de domination qui caractérise tellement bien les hommes.
Et puis, cette froideur continue, tout le long du disque, froideur qui n'en est pas. Tel un Sonic Youth avec un son sec, les guitares sont saccadées et, là-dessus, Ô ultime summum, ô bonheur, une voix s'y pose, de longues tenues stomacales, donnant une dimension aérienne, mais qui chute. Cet album est une chute. On part de haut. De très haut. Pour s'écraser dans un bruit sourd, avec bonheur, dans le sol, et traverser la terre jusqu'à la chine, en passant par le noyau, à une vitesse jamais atteinte. C'est prenant, très prenant mon cher monsieur. Ca ne laisse pas le temps de respirer, cette intensité caractéristique. Ca fait du bien, aussi. Ca lève le coeur, l'estomac avec, ça tord les organes, les modèle, les sculpte et, le mouvement de rotation de la tête, une fois que le "bzzz" de la platine retentit, laisse place à un sourire jaune. C'est bien, mais plus que ça, c'est dur et fort.

On vous imagine très bien, cher monsieur, avec votre frange, vos longs cheveux châtain tombant sur vos gracieuses épaules, votre sourire aussi froid que le son de votre guitare. Assis sur l'ampli, cette même machine à 6 cordes sur les cuisses, le mouvement mécanique du bras faisant bruisser les micros, le haut-parleur pourri qui crachote ce son volontairement mal réglé. C'est là toute l'ambiguïté, monsieur. Mes oreilles sensibles n'auraient jamais pu se faire à ce son agressif et violent. Simple aussi. Mais, je le redis, il suffit de peu pour qu'un album passe du bon au sublime. Et là, ça se fait par la voix. Voix de velours, velours déchiré qui monte, et monte et dans cette ascension, emmène chacun des auditeurs ayant eu le malheur de poser son oreille sur ce disque.
Votre don, à vous, monsieur, alors que certain travaille sur la simplicité, ou la violence, le votre, c'est l'hypnose.
C'est hypnotique, rien de plus, rien de moins. Des spirales apparaissent dans les yeux. Un sourire crispé sur les lèvres. C'est un moment à passer. Un instant qui laisse place à lourdeur ensuite. Un instant menant à la noble tristesse qu'est la mélancolie...

Alors, cher monsieur, je vais m'en aller. Mais sachez que j'aurai dans les oreilles, votre création. Et que ma tête hochera, non pas sous l'influence de ma marche dégingandée, mais de cette musique décadente tellement personnelle, tellement tout à la fois que les mots ne me viennent plus.
Alors, merci, cher monsieur.

Et à bientôt.

J'ai pas tout lu mais je kiffe Cat Power

Grâce à qui? Hein? HEIN?

Sinon, j'adore "Love & Communication", magnifique.

Bah, en fait, je ne connais que la chanson The Greatest, mais cette chanson est tellement sublime que si la plupart des autres sont bien aussi, j'adopte.
*Va faire un tour sur radioblogclub*

Oh oui la chanson The Greatest est vraiment merveilleuse.
Son album de cover aussi, c'est la seule qui sait reprendre du Dylan. Et Dear Sir, il suffit de lire la chronique pour comprendre ce que j'en pense.

Vraiment géniale cette nana.

Cat Power - The Greatest




Elle s'appelle Chan. Mais Cat ça lui va mieux. Car, tel le chat, elle se faufile grâce aux portes entre-ouvertes, miaule un petit coup, et on ne peut que dépérir, se languir et se pâmer dans ce cocon tissé à cet effet.
Avant, elle faisait des trucs torturés et tristes. Maintenant, elle fait du "beau". Loin de moi l'idée que c'était pas beau avant. D'une beauté différente. Un truc plus viscéral, sec et personnel. Le genre de musique qui touche ou laisse complètement indifférent. Le type d'albums qui marquent et qu'on ne peut oublier, qui résonne encore dans les oreilles après l'écoute. Mais c'est du passé.

Chan sort de sa chrysalide et s'affirme. Adieu les tourments et le spleen. Bonjour tristesse. Un piano discret s'approche, murmure quelques notes dissonantes sur de simples accords. Une voix singulière et merveilleuse se colle, s'allonge sur ce confortable décor. Mais qu'est ce qu'elle est belle cette voix. Grave et profonde, pas éraillée pour un sous. Jazzy à souhait. Pure, elle coule. Limpide, dans vos oreilles ensablées, perçant le tympan, accès direct au bide. La puissance du jazz. En 20 secondes, Chan vous conquiert. Un sourire béat, niais s'inscrit. Une certaine nostalgie est inévitable. La musique est touchante. Pas d'erreur ! Pas d'artifices ! Une nana, qui du haut de ses 36 ans qui en valent 20, raconte ses déboires, ses espoirs, grâce à un piano, quelques choristes, une guitare, d'autres musiciens et une grande âme. Elle s'ouvre totalement. Se libère et laisse place à la beauté naïve que son visage inspire. Ses longs cheveux bruns, cette frange rebelle et ce regard perdu.
Les titres sont apaisants, d'une quiétude parfaite. Le peu de décadence qu'il faut pour le côté tragique, la bonne dose d'humilité. C'est beau, quoi, y'a pas d'autres mots.

"Once I wanted to be the greatest"
C'est qu'elle n'a pas confiance en elle. Elle est humble. Elle se sous-estime pas, par contre, et à chaque fois marque. Tant dans les reprises que dans l'invention, dans la beauté que dans l'habileté des textes et de la musique. Mais, Chan Marshall, c'est la musicienne qui a tout fait, tout connu, et pourtant qui, comme une gamine, rejoint ses potes au coin du bar, après son concert, fume cigarettes sur cigarettes avec un café noir posé sur la table. Naturelle et libre.

"Once I wanted to be the greatest
No wind or water fall could stop me
And then came the rush of the flood
The stars at night turned you to dust"

Pari réussi.

1. The Greatest
2. Living Proof
3. Lived In Bars
4. Could We
5. Empty Shell
6. Willie
7. Where Is My Love
8. The Moon
9. Islands
10. After It All
11. Hate
12. Love & Communication

J'ai préféré cet album à Dear Sir

Plus facile d'accès.
You are Free est merveilleux.
Et les premiers aussi.
Tout est génial, en fait.

berk

vite, mon album de Kate Bush