Malou regardait le plafond, espérant le crever de ses yeux pour voir les étoiles. Ces énormes boules en fusion qui parvenaient à se faire voir à des milliard de kilomètres mais ne pouvaient pas faire un dernier minuscule effort pour que leur lumière remplace celle du soleil et que la nuit ne soit plus qu'un souvenir. Elle se retourna encore un fois, les cheveux dans les yeux, les vêtements entortillés sur son corps, la couette à moitié au sol. Boudeuse, elle cherchait le sommeil sans le trouver. Sans cesse sa conscience était réveillée par une nouvelle pensée. elle jouait avec ses doigts, ses cheveux, s'inventait un monde pour le temps de cette trop longue nuit. Ici et ailleurs, elle aurait tant de choses à faire. Elle n'avait pas sommeil et ce temps perdu à attendre l'agaçait. Mais le reste du monde ne voulait comprendre ce besoin de vivre la nuit, comme si la pénombre l'empêchait de vivre. Pourquoi la lune continuait elle à briller si personne ne contemplait son éclat? Malou avait décidé de ne pas dormir. En bas le sommeil de ses parents était bien lourd, elle pouvait sans risque se glisser dans le jardin. La nuit est la clé. Pieds nus bien sur, pour ressembler aux fées des dessins animés, parce qu'on a beau dire que l'on crée, on ne fait que réinterpréter. La liberté n'existe plus, elle décida d'en chercher le reflet dans l'oubli du reste du monde, de tourner sur elle-même jusqu'à l'étourdissement, les lumières se mélangent, les sensations s'effacent, mais bien sur il faut grandir, les gamines qui dansent deviendront elles aussi femmes, et demain le réveil ne sera pas simple, et Malou ne voudra plus allumer la lumière.